DigiBLAST

Le Dernier Cartouche

Armand Lenoir collectionnait les consoles oubliées. Parmi elles, la DigiBLAST — échec commercial, jouet pour enfants, vestige sans gloire. Il l’adorait.

On le retrouva mort à son bureau, assis droit, un sourire figé aux lèvres. Devant lui, la console était allumée. La police parla d’une crise cardiaque. Le détective Gaspard Moreau remarqua autre chose : une cartouche noire, sans étiquette, gravée DB-X.

Réunis au manoir, les proches nièrent tout intérêt pour la DigiBLAST. Moreau l’alluma. Aucun menu. Un seul message :

Celui qui termine sait.

Le jeu était un labyrinthe sombre, sans musique. À mesure que le joueur progressait, des symboles apparaissaient — trop précis pour être décoratifs. Moreau comprit : la cartouche n’était pas un jeu, mais un prototype. Les données y étaient dissimulées dans le code même du gameplay.

Fraudes. Comptes secrets.
La véritable raison de l’échec de la DigiBLAST.

Lenoir avait terminé le jeu. Et compris que ce savoir le condamnait.

Victor Hale, ancien ingénieur, céda sous le regard de Moreau. Il n’avait pas tué Lenoir. Il l’avait poussé à jouer, persuadé qu’il échouerait. Mais Lenoir avait gagné. Et la peur avait fait le reste.

La cartouche fut déclarée sans valeur et disparut.
Moreau rangea la DigiBLAST dans un tiroir.

L’écran clignota une dernière fois.
Comme si la console attendait encore un joueur.